“Le dragon dans l’œil”. L’affaire Pajot, à travers les peurs et la criminalité parisienne du XVIIIe siècle

Une conférence de Pascal Bastien, professeur d’histoire de l’Europe moderne à l’Université du Québec à Montréal (UQAM)

En septembre 1736, dans les couloirs bruyants des prisons du Grand Châtelet, un chef de brigade de la maréchaussée croisait le lieutenant criminel Nègre, responsable de la justice pénale dans la juridiction de la prévôté de Paris. En entendant la description physique de la prisonnière que le soldat venait de livrer au concierge du Châtelet, Nègre reconnut une fugitive évoquée, trois jours plus tôt, dans un interrogatoire auquel il avait assisté.  Le « dragon dans l’œil », une tache dans la prunelle de la voleuse en fuite, permit de réunir la malheureuse mise au cachot, avec la criminelle de papier esquissée quelques jours plus tôt par un suspect.

Geneviève Pajot fut une malheureuse couturière de 19 ans qui fut pendue pour vols domestiques à la place de l’Hôtel-de-Ville, à Paris, en janvier 1738. Cette exécution, repensée en amont vers les premières archives du crime, nous permettra de retracer la vie fragile d’une jeune femme pauvre mais inventive et débrouillarde, piégée dans l’imaginaire rampant de l’insécurité urbaine du XVIIIe siècle.

Pascal Bastien est professeur d’histoire de l’Europe moderne à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et directeur du Groupe de recherche en histoire des sociabilités (GRHS). Il est présentement résident (fellow) à l’Institut d’études avancées (IEA) de Paris.
Ses travaux portent sur l’histoire des rituels judiciaires et du droit pénal à Paris au XVIIIe siècle, ainsi qu’à l’histoire des sociabilités urbaines à l’époque des Lumières. Il a notamment publié L’exécution publique à Paris au XVIIIe siècle (Champ Vallon, 2006) et Une histoire de la peine de mort. Paris et Londres, 1500-1800 (Seuil, 2011) ; et il dirige, avec Daniel Roche et Sabine Juratic, le grand projet d’édition du Journal (1753-1789) de Siméon-Prosper Hardy (Hermann, 12 volumes).

Entrée libre sur réservation dans la limite des places disponibles.