Tower – Tour

Catastrophes urbaines à échelle réduite, labyrinthes sur papier où la construction méthodique d’un monde fictif se donne des allures de projet scientifique, tas et entassements proposant l’ordre et son renversement, voilà de quoi se compose l’exposition Tower-Tour de Pat Badani. Le Centre culturel canadien est l’hôte de la première présentation de ce projet qui est autant un jeu sur le savoirs qu’une remise en jeu, ludique et bricolée, des limites entre sculpture et installation, entre construction mythique et événement. Artiste que son parcours a mené du sud de l’Amérique au Canada puis en France, où elle vit actuellement, Pat Badani signe une œuvre où la rencontre d’imaginaires culturels multiples donne lieu à un rêve collectif, celui de construire.

Pat Badani pétrit autant qu’elle assemble, empile, découpe, dessine ; elle accumule les gestes autant que les images. L’élaboration est minutieuse mais les constructions qui en découlent sont fragiles à l’extrême : édifices de pain, planches documentaires, bandes vidéo, l’une montrant la construction de la cité et son effondrement, l’autre son abandon ou sa régénération souterraine. Pat Badani emprunte à l’architecture ses projections planimétriques, ses carnets de notes et ses photographies de chantier, au géologue ses dessins topographiques, à l’arpenteur ses méthodes de prospection.

Tower-Tour se développe allègrement autour de certains mythes de démesure ou de rupture de l’ordre (celui su serpent tentateur de la Chute originelle, celui de la Chute de la Tour de Babel). Il est une aventure qui se matérialise dans un édifice aussi vaste mentalement que matériellement ténu. Si le projet constitue bel et bien une interrogation sur l’état du monde, le monde auquel il réfère na pas l’unité ni l’existence, appartenant à la fois au passé et au futur puisqu’il est à l’état de maquette, de projet, qu’il se réduit à des tours d’un autre âge, qu’il est vivant de pas se nature organique et mort puisque inhabité.

Cette exposition est organisée en collaboration avec Christophe Domino.

Une publication accompagne l’exposition, 48 pages, bilingue, reproductions noir et blanc et couleur.